Contexte Général |
.Le silurien se situe entre deux périodes de formation de montagnes. La convergence des plaques tectoniques durant l'ordovicien a en effet engendré le plissement des roches sédimentaires du nord-ouest de l'Europe, au cours de l'orogenèse dite calédonienne. Ces roches métamorphisées affleurent aujourd’hui dans des régions aussi éloignées que le Groenland, l'Angleterre et la Norvège.
Au silurien, les continents sont situés dans l'hémisphère Sud ou sont proches de l'équateur. Le plus vaste, le Gondwana (Amérique du Sud, Australie, Afrique et Inde actuelles) est centré sur le pôle Sud, il remonte progressivement vers le Nord tandis que l'océan Iapetus se réduit de plus en plus. Une phase transgressive sur l'ensemble des continents fait suite.
D'autres masses continentales plus petites sont dispersées plus au nord : la Laurentia (Amérique du Nord), l'Avalonia (Angleterre, pays de Galles et bordure orientale de l'Amérique du Nord), la Siberia (Asie septentrionale) et la Baltica (Europe du Nord et Groenland). Un gigantesque océan, la Panthalassa, recouvre tout l'hémisphère nord.
À la fin du silurien, Laurentia, Baltica et Avalonia entrent en collision et forment un grand continent « euraméricain » situé à cheval sur l'équateur. La collision entre Baltica et Laurentia a lieu à la fin du Silurien érigeant la chaîne des Calédonides. Le contient formé par cette collision est appelé continent des Vieux Grés Rouges ou continent Nord-Atlantique ou encore Laurussia. Il représente à peu près l'Amérique du Nord actuelle, plus la Scandinavie.
L'océan Rhéique a alors atteint son ouverture maximale. En Europe a lieu la phase Ardennaise, correspondant entre autres à la fermeture de l'océan du Massif Central (qui séparait alors la France en deux selon un axe NE-SW). |
Les variations latitudinales du climat au Silurien sont similaires à celles connues aujourd'hui, avec des glaciers aux hautes latitudes.
Le climat du silurien est donc varié. Les régions du Gondwana, situées à 65° de latitude ou plus, sont recouvertes de glace ; en revanche, le Groenland et les territoires d'Amérique du Nord qui se trouvent aujourd’hui dans le cercle arctique ne se trouvent alors qu'à environ 15° de latitude. Les roches sédimentaires siluriennes trouvées dans ces régions témoignent clairement d'un environnement tropical.Dans cette zone au climat chaud on retrouve beaucoup de mers peu profondes à température élevée.
Dans les terres arides et très chaudes autour de 40° de latitude, se forment des dunes de sable et d'importants dépôts de sel et de gypse, liés à l'évaporation des anciennes eaux continentales. Dans la région des Grands Lacs, en Amérique du Nord, les mines de sédiments salins siluriens, qui atteignent 500 m d'épaisseur, sont très exploitées à l’heure actuelle. |
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La Vie Au Silurien |
La transition Ordovicien - Silurien est marquée par une première
crise dans l'histoire de la vie (si on exclu la décimation de la
fin du Cambrien).
On
assiste à la fin de l'Ordovicien à une glaciation et à
une baisse du niveau des océans et donc à une crise dans
les environnements marins où disparaissent bon nombre d'espèces
(un tier de la faune marine, les trilobites en patirent particulièrement),
de nombreuses zones aquatiques deviennent aériennes. |
A la fin de l' Ordovicien et au début du Silurien voit apparaitre les premiers écosystèmes dans le milieu aériens, la vie sort des océans.
Le milieu aérien présente plusieurs contraintes par
rapport au milieu aquatique. Tout d'abord la nécessité
d'un tissu de soutien pour maintenir l'organisme, une résistance
à la dessication tout en permettant les échanges gazeux, les plantes devaient bénéficier de systèmes
de dissémination des gamètes (cellules sexuelles) adaptés
au milieu aérien. Enfin un système racinaire développé était nécessaire pour pouvoir prélever dans le
milieu les nutriments et minéraux nécessaires, il semble que des champignons symbiotiques aient là joué
un rôle primordial très tôt.
Après les cyanobactéries, pionnières comme dans
le milieu aquatique, les végétaux sont les premiers
à quitter le milieu aquatique et à coloniser le milieu
aérien. Sans doute dérivant des algues vertes, certains
végétaux se retrouvaient, au moins temporairement, en
dehors de l'eau. Ceci dût favoriser les caractères présents
ou apparaissant qui fournissait des caractéristiques adéquates
et jusque là non sélectives (tissu de soutien, résistance
à la dessication...). La baisse du niveau des océans
a alors certainement joué un rôle sélectif. |
Mousse
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Il se développe
en premier lieu dans le milieu aérien, et ceci dès
le début du Silurien, des organismes restant près
du sol, des lichens, des mousses, des hépatiques. Cette colonisation
du mileu aérien par les végétaux fut permis
grace à l'apparition de l'embryon, de la cuticule hydrophobe
évitant la dessication, des stomates (orifice qui s'ouvrent
et se ferment permettant un contrôle des échanges gazeux
et de la dessication) mais aussi des spores. Apparaissent de plus
des tissus conducteurs de sève non xylémiens. Puis
les plantes développent des ramifications, le xylème
(système conducteur de sève lignifié) qui permet
un bon maintient et les premières flores complexes, ceci
à la fin du Silurien.
La formation du continent Laurussia est contemporain de l'apparition des premiers végétaux vasculaires terrestres. Ils sont très simples sans distinction entre tige et feuilles, ces plantes vasculaires très primitives, les rhyniophytes, mesuraient 2 à 4 cm, sans feuilles ni racines. |
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rhyniophytes |
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À la même époque, de petits arthropodes analogues à des mille-pattes, des acariens sont les premiers animaux sur la terre ferme. Tous ont à des degrés divers
des structures permettant la respiration directe de lair et
leurs pelotes fécales montrent que certains se nourrissaient
déjà des premières plantes terrestres, en particulier
de leurs spores, dépourvues de toxines.
Par leur activité, ces petits arthropodes participèrent au recyclage de la matière
organique et à la formation des premiers sols.
Au milieu du Silurien
on retrouve donc les premiers écosystèmes dans le milieu aérien , avec des mille-pattes herbivores, des
araignées carnivores, des acariens, des collemboles, des détritivores, des décomposeurs fongiques, qui peuplaient
les "tapis" constitués de mousses et de trachéophytes
primitives.
Mais c'est
à la fin du Silurien que l'on a la preuve de l'existence
d'un nombre important de petits arthropodes terrestres qui avaient
suivi de près la conquête des continents par les plantes, qui, avec l'apparition des racines vont entrainer la formation des premiers sols. |
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Le style moderne des
biocénoses (communauté animale et végétale
en équilibre plus ou moins stable) fut acquis au Silurien,
sans doute parce que les conditions de température, de météorologie
et peut être même de pression d'oxygène dans
l'atmosphère avaient atteint des caractéristiques
comparables aux données actuelles. L'essentiel des biocénoses
marines demeure la prairie coquillère, parfois fixées
aux algues (qui se développent largement), dans laquelle
se rencontrent surtout des Brachiopodes (coquilles), des gastéropodes, des Trilobites encore abondants, des Échinodermes, abondants par places,
et des Mollusques. Les Crinoïdes (même groupe que les
oursins et les étoiles de mer actuels) y ont constitué
de véritables prairies animales qui se diversifient. Tandis
que les cystoïdes sont près de l'extinction., les bryozoaires
(colonies en forme de mousse, de "filets", toujours présents
de nos jours) sont très présents.
Dans les mers chaudes et peu profondes, qui s'étendent entre les continents situés près de l'équateur, se développent d'importants récifs coralliens (d'autres groupes que les coraux actuels) .
Au Silurien, l'écosystème
récifal se présentait comme le grand dépositaire
de la biodiversité planétaire, presque autant que de nos jours. Mais à cette époque, un groupe d'organismes, les stromatopores, aujourd'hui éteints, étaient les grands bâtisseurs, bien plus que les coraux.Il s'agissait de sortes d'éponges au squelette massivement
calcifié et à formes de croissance variées.
Les récifs abritent une riche faune d'invertébrés (crinoïdes, brachiopodes, mollusques nautiloïdes — proches des nautiles que nous connaissons aujourd’hui), cotoyés par les premiers vertébrés . Ces vertébrés
sont, comme à lOrdovicien, essentiellement représentés
par des poissons cuirassés et sans mâchoires, mais
de groupes différents. Puis vers la fin du Silurien les premiers poissons à mâchoires (acanthodiens)commencent à apparaitre.
D'autres groupes d'invertébrés (conodontes, trilobites) sont sur le déclin, les graptolites connaissent un franc succès puis déclinent.car ils n'ont pu se remettre de l'extinction massive survenue à la fin de la période précédente (Ordovicien).
Source
: http://www.mpm.edu/reef/
Les formes arrondies sont des stromatopores, en haut à droite
un type de coraux, en forme de "carotte" des échinodermes
à gauche, on aperçoit 3 trilobites au premier plan... |

Fossile de Cephalaspis (poisson sans machoire) |
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Acanthodien
Premiers vertébrés à machoires. Certains étaient carnivores avec de petites dents, d'autres filtraient leur nourriture en nageant |
Les arthropodes se développent de façon variable dans les milieux
aquatiques. Ainsi les Trilobites, déjà mentionnés, s'ils sont toujours là n'offrent guère de diversité, tandis que les Euryptérides prédateurs (scorpion aquatique) atteignent leur apogée. Ils sont parmi les plus gros animaux de l'époque et certains mesuraient 2 m de long.
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Eurypterus |
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Simulation dans un documentaire de la BBC |
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