XXIe siècle, siècle
des lumières ?
Le Lamarckisme est malheureusement encore très présent
de nos jours. On le voit dans beaucoup de documentaires animaliers.
Si l'évolution de la vie vous intéresse, une lecture est
vivement conseillée : L'éventail du vivant (existant
en poche) de stephen Jay Gould. Et du même auteur un ouvrage qu'il
a écrit juste après : La vie est belle.
Contrairement à ce
que l'on peut voir et entendre dans la vie de tout les jours, ce n'est
pas parce-que les girafes veulent manger des feuilles hautes que leur
cou s'allonge (entendu il y a encore peu dans un documentaire), il n'y
a pas de finalisme, ce fut la première chose qui me fut enseignée
en biologie lors de mes études vétérinaires . D'autre
part la vie ne tend pas vers une complexité toujours plus grande.
Et si au regard de l'évolution de la vie il semble que la variabilité
soit toujours croissante, cela aussi est une illusion, les impressions
instinctives sont souvent fausses, et il faut la réflexion de
personnes de talent pour voir ce qui se cache derrières les apparences.
Influencé par mes lectures de stephen Jay Gould je classe celui-ci
parmi ces derniers et le remercie à titre posthume d 'avoir contribué
à clarifier mes connaissances.
L'évolution n'a
pas de sens :
En effet il n'y a pas de tendance à un accroissement de complexité,
pas de direction privilégiée à l'évolution
de la vie, et par la même le terme d'évolution est trompeur,
et instinctivement induit en erreur.
En effet la vision d'un début de la vie il y a plus de 3,5 milliards
d'années avec des bactéries très simples évoluant
en passant par les poissons puis les dinosaures jusqu'à, apothéose
finale, l'homme, est fausse. D'abord il n'y a pas de ligne droite de
ces bactéries à l'homme en passant par les dinosaures,
on a simplement à l'esprit certaines espèces phares mais
qui ne sont que des exemples parmis tant d'autres dans le buissonement
du vivant, l'évolution des dinosaures n'a pas abouti à l'homme...
Un monde de bactéries très simple pour tout représentant
de la vie semble s'être complexifié vers le monde que l'on
connait aujourd'hui. Certes un éléphant a un plan d'organisation
bien plus complexe qu'une cyanobactérie mais pouvait-il en être
autrement ?
Prenons une image de stephen jay Gould : soit un homme ivre appuyé
contre un mur à gauche et avec un terrain libre à droite,
celui-ci se déplace librement et aléatoirement soit vers
la gauche soit vers la droite. Que va-t'il se passer ? Cet homme va
s'éloigner du mur, tout simplement parce-que celui-ci bloque
son déplacement vers la gauche. Ainsi bloqué dans une
direction, cette homme ne peut globalement que dévier vers la
droite. Il en est de même pour l'histoire de la vie. Débutant
avec de simples bactéries il était impossible d'évoluer
vers une forme plus simple de vie (mur de gauche) et donc tout naturellement
des êtres plus complexes apparaissent, tout simplement parce-que
les bactéries en se modifiant ne pouvaient devenir plus simple
sinon il ne s'agissait plus de vie, donc l'évolution de la vie
sans aucun sens privilégié voit apparaitre des organismes
plus complexes, sans que ceux-ci entraine la disparition des organismes
plus simples.
Ainsi s'il est évident
que le monde vivant comprend aujourd'hui des organismes au plan d'organisation
plus complexe que les premières bactéries, la vie n'a
pas évoluée vers le progrès, il n'y pas de tendance,
tout comme l'homme ivre toute modification ne pouvait se faire que dans
un sens, dans un monde borné.
D'autres
part il est faux de penser que tout de même le fait est là,
maintenant il y a des organismes vivant bien plus complexes. Car
à notre échelle humaine c'est ce qui semble ressortir,
mais les bactéries sont toujours parmis nous et en grand
nombre, si l'on observe la répartition des organismes vivant
de nos jours, l'énorme masse majoritaire est représenté
encore et toujours par les bactéries, présentent depuis
les balbutiements de la vie, elles sont toujours là en très
grandes masse et on ne retrouve en fin de compte, relativement peu
d'organisme au plan d'organisation fortement complexe, notre vision
à échelle humaine nous masque ce fait. |
|
Ainsi il est
flatteur et intuitivement agréable de voir la vie, comme une
pulsion avec une tendance naturelle au progrès avec comme but
ultime l'homme, mais cela est une illusion liée à notre
vision humaine influencée par nos cultures. La vie n'a aucune
tendance au progrès n'a pas de but, ni moralité comme
on voudrait trop souvent lui en accorder, il est temps de tourner la
page de Lamarck. La vie est un buisson et il nous faut retrouver la
place que nous occupons au bout d'une brindille, et ne pas oublier qu'en
4 millions d'années notre lignée s'est quasiment éteinte,
nous en sommes les derniers représentants, l'intelligence a permis
cela mais sans elle la vie serait toujours là suivant un autre
chemin. Car pour conclure si l'on pouvait rembobiner l'histoire de la
vie et la regarder se dérouler à nouveau, il est tout
à fait improbable qu'elle se déroule comme elle l'a fait,
elle aurait un tout autre visage, tout à fait logique et explicable,
tout cela se résume en un mot : la contingence. L'histoire de
la vie comporte une part de loterie, rendant imprévisible le
devenir de la vie à partir d'un point de son histoire, plusieurs
chemins son possibles, tous explicables, mais tous ne seront pas suivi,
on retrouve là la contingence responsable d'imprédictibilité.
Si il existe bien évidemment un cadre de développement
de la vie, inhérent aux règles de la physique, dès
que l'on s'intéresse aux détails le hasard est là,
la contingence omniprésente, c'est ce qu'il ressort aujourd'hui.
Des schémas
établis ? Diversité et disparité :
Autre idée que je voudrais démentir, il est faux de penser
que la vie est bien plus variée que par le passé. En effet
si aujourd'hui on peut observer une importante diversité d'espèces
au sein d'un groupe d'animaux donné (par exemple il existe plus
de 1500 espèces de rongeurs), cela masque une faible disparité
au regard de ce qui a existé. Le sens du mot disparité comme le précise
stephen Jay Gould dans La vie est belle se rapporte au plan d'organisation
des êtres vivants. Ainsi 80% des espèces animales actuelles
sont des arthropodes, et il existe relativement peu de variété
de plan d'organisation de base. Ainsi sommes-nous construit sur le même
plan que les chevaux par exemple avec notre colonne vertébrale et nos quatre membres.
Le fait remarquable est qu'il n'en a pas toujours été
ainsi. Il y a 540 millions d'années il y a eu une explosion de
disparité dans les formes de vie multicellulaires, c'est l'explosion
du Cambrien (étudiées en premier lieu grace aux nombreux
fossiles du shistes de Burgess en colombie Britanique). On y retrouve
les plans d'organisation présents aujourd'hui, mais aussi de
très nombreux autres qui ont disparu très rapidement (la
grande majorité) . Il y a eu une véritable décimation
dans les plans d'organisation des animaux qui étaient bien plus
variés à cette époque. Ainsi il semble y avoir
au départ des grandes lignées une période d'expérimentation
riche en organisation puis une décimation sévère.
Celle-ci n'est pas forcment dûe uniquement à la compétition
entre espèces. En effet, transporté il y a 540 millions
d'années il nous serait bien difficile de deviner l'aspect des
embranchements futurs, de voir des avantages évidents nous permettant
de prévoir l'intégralité de l'avenir des êtres
vivants. Redéroulons le film de la vie et d'autres organismes
seront présents, la vie nous offrirait un autre paysage que celui
que nous connaissons mais tout aussi explicable. Certes la compétition
existe et joue un rôle, mais une part de loterie non négligeable
existe aussi. Le monde n'est pas livré au chaos mais une part
des bifurcations dans l'histoire de la vie est liée à
la contingence. Désolé, nous sommes un accident, survivant
de notre groupe, et nous sommes bien vivant, vraiment "la vie est
belle".
|
|
Vision
traditionnelle et fausse du cone de diversité :
Il y a encore peu de temps, il était (faussement) admis que
les êtres vivants descendent d'êtres primitifs en petits
nombres, le tout allant dans le sens de toujours plus de variétés
par rapport à des origines monomorphes. |
Vision
actuelle de l'évolution de la diversité et de la disparité
:
S'il est vrai que localement dans des branches données on
observe à certains moments des augmentations de la diversité
des espèces, globalement cela est faux. Il y a de grands
épisodes de décimations qui éliminent totalement
des types d'organisations d'êtres vivants. La vie peut être
bien plus riche par le passé, avec bien plus de disparité. |
Source
: http://www.ggl.ulaval.ca/ |
Ainsi l'histoire
de la vie montre qu'il n'existe pas de tendance naturel vers toujours
plus de variété, ni vers toujours plus de complexité.
En temps qu'être humain nous aimons les histoires, les déroulements
d'évènements auxquels on donne un sens, avec de préfence
Homo sapiens tenant le premier rôle, mais il est temps au XXIe
siècle de redécouvrir la révolution Darwinienne
et ses conséquences. |