A l'inverse du fixisme qui
prônait une invariance des espèces, les animaux étant
tels qu'ils sont actuellement et ceci depuis la création, le
transformisme amène l'idée d'évolution, de modification
des espèces avec le temps. Mais les modalités de cette
évolution vont être largement débattues.
Les balbutiements de
l'évolution, le début d'une idée de transformation
des espèces:
Buffon
dès le XVIIIe, face à ses estimations d'un âge de
la Terre, qui si elles étaient loin de la vérité
(il l'estimait à quelques centaines de milliers d'années),
étaient d'une durée suffisante pour amener l'idée
révolutionnaire que sur un si long laps de temps les espèces
pouvaient se dégrader. Si l'évolution telle qu'elle sera
abordée par la suite n'est pas encore présente, cette
première idée ouvre la porte au transformisme. Culturellement,
l'âge classique fondé sur la stabilité d'un ordre
divin laisse la place à des systèmes politiques guidés
par la liberté et le progrès. Ainsi Buffon s'opposera-t'il
au fixisme et à Carl
Von Linné, mais ce pas en avant s'accompagne d'un pas
en arrière, car il va dans la même opposition éloigner
le singe de l'homme (rapprochement fait par Linné), on assiste
alors à une forte poussée de l'anthropocentrisme. Les
théories de la transformation des espèces, puis de l'évolution
des espèces, ont sacrifié le singe pour honorer l'homme.
La théorie transformiste
de Lamarck,
une évolution vers le perfectionnement où l'acquis est
transmis :
Disciple de Buffon, Lamarck adhère à l'évolution
des espèces, mais pour lui les espèces se transforment
en se perfectionnant. Il élabore la première théorie
scientifique cohérente de l'évolution : le transformisme
(dans le système des animaux vivants). Ainsi le temps
et les circonstances favorisent l'émergence de forme de plus
en plus complexe, de plus en plus perfectionnées selon un processus
évolutif. Il considère d'une part la tendance "interne"
à se perfectionner et la réponse aux changements de milieu
"externe". Pour la modalité de cette évolution,
Lamarck croit en une hérédité des caractères
acquis, la fonction crée l'organe pour Lamarck.Ainsi pour lui,
les girafes ont un long cou car à force de vouloir attraper une
nourriture haute perchée dans les arbres, le cou de celles-ci
s'est allongé... Les individus sont actifs et agissent face aux
contraintes de l'environement, grâce à leur tendance à
se perfectionner, ils acquièrent des caractères et les
transmettent. Si l'homme garde sa place privilégié dans
la nature, Lamarck amène l'idée que la proximité
entre le singe et l'homme est de nature généalogique.
Il introduit la notion fondamentale d'antériorité et de
descendance et invente la généalogie des espèces.
Mais Lamarck connaitra de violent détracteur, dont Napoléon
qui dira face aux théories de Lamarck : "Ne touchez pas
à ma bible". Afin de combattre le transformisme George
Cuvier inventera le catastrophisme : dans la lignée fixiste,
le catastrophisme avance que les espèces sont figées dans
leur état jusqu'à ce qu'une catastrophe les éliminent
et laisse place à une autre création...
La sélection naturelle
de Darwin,
pour qui persiste le mieux adapté, au hasard des évolutions
:
Darwin fit une magistrale synthèse des connaissances disponibles
en science naturelle pour proposer un processus capable de rendre compte
des changements de la nature : la sélection naturelle. Si le
principe du transformisme est le même que pour Larmarck, par contre,
contrairement à ce dernier, il ne croit pas que la vie est une
tendance propre à se perfectionner, il ne pense pas que l'évolution
ait un but, et encore moins que ce but soit l'homme.
Il part de 3 principes : Les individus d'une même espèces
ne possèdent pas les même atouts ni les mêmes faiblesses
face aux conditions de l'environnement, il y a variation. Il y a compétition
pour les ressources et seules les caractères avantageux survivent,
les autres sont éliminés, c'est la sélection. Et
donc seuls les caractères avantageux sont transmis par la reproduction,
ainsi la population change, évolue. Les conditions de l'environnement
étant indéterminées et changeantes, l'évolution
n'a pas de but, elle avance par tâtonnement, graduellement, l'imperfection
étant la base de cette évolution. Encore aujourd'hui une
telle conception est malheureusement mal acceptée.
Cette vision est révolutionnaire, Darwin ne cherche plus une
tendance à se perfectionner des organismes mais s'intéresse
aux différences entre les individus d'une même espèces.
On voit la grande différence avec Lamarck, pour Darwin les individus
ne sont pas actifs, soit ils possèdent le caractère et
survivent, soit il ne le possède pas et dont éliminés.
Pour reprendre l'exemple de la girafe, selon Darwin, certaines girafes
ont un long cou, peuvent se nourir facilement, elles se reproduisent
et transmettent ce caractère. D'autres sont nées avec
un cou plus court, elles ont plus de mal à se nourir, survivent
moins bien, se reproduisent moins et disparaissent.
D'autre part Lamarck pensait que certaines espèces avaient arrêté
leur évolution comme les singes, et que d'autres la poursuivait,
comme les hommes. Cette vision de l'évolution, par étage
est erronée et amène des raisonnement fantaisistes de
supériorité et infériorité évolutive
entre espèces. Pour Darwin toute les espèces évoluent
en même temps et ne s'arrêtent pas, les différences
viennent de chemins évolutifs différents. L'homme et le
chimpanzé sont tous les deux aussi évolué mais
ont suivi des modifications différentes.
Malheureusement la théorie
de Darwin sera enfermée dans sa tombe, et la période qui
suit sa mort sera très Lamarckienne et très anthropocentriste,
avec l'homme comme but de l'évolution. Ce ne sera que plus tard
au XXe siècle que les théories de Darwin seront redécouvertes.