Contexte Général |
Le nom Crétacé vient de craie (creta en latin), roche calcaire blanche et tendre formée durant cette période.
Dans
la continuation du Jurassique, les terres poursuivent leur fragmentation
et peu à peu prennent une physionomie proche de l'actuelle,
l'atlantique prenant réellement forme durant le Crétacé. A la fin du Crétacé la jonction entre atlantique nord et sud est faite, si cet océan est alors en place, il est beaucoup plus étroit que de nos jours.
On retrouve toujours des mers chaudes et peu profondes s'immisçant
loin entre les terres. Le niveau des oéans était en moyenne de 300 mètres plus élevé que de nos jours durant cette période. Le niveau des eaux au Crétacé est le plus haut niveau que nous connaissions avoir existé sur Terre, dû entre autre à l'apparition de chaines montagneuses sous les mers.
A la fin du Crétacé l'Europe est un ensemble de plaques partiellement recouvertes par les eaux, l'Inde se sépare juste de madagascar et la Thétys est ouverte mais se resserre, l'Afrique est à peine liée à la péninsule arabique. L'Océan pacifique est alors bien plus large que de nos jour, le Japon se situant au sud de sa position actuelle,ainsi que l'Australie. L'amérique du sud (où se développe la chaine montagneuse des Andes) et du nord sont séparées par un espace maritime à la place de l'Amérique centrale actuelle, et elles devaient certainement se rejoindre sporadiquement via l'arche des caraïbes.
La Téthys subducte au Sud, contre la plaque Africaine qui remonte, et au Nord contre la plaque asiatique. L'Atlantique s'ouvre d'abord au Sud, il sépare ainsi Afrique et Amérique du Sud. La communication entre Téthys et Atlantique se ferme. La Téthys préfigure alors la future Méditérranée. Les premiers plissements se font sentir dans les Alpes. Vers la mi-Crétacé, ce sont des nappes de charriage qui se mettent en place à la suite de l'écaillage du domaine interne. Ces plissements se répercutent sur la Provence dont la région Nord émerge. Cet isthme durancien isole l'océan alpin, une branche de la Téthys, de l'influence atlantique.
La transgression qui a débuté au début du Crétacé atteint son apogée au début du crétacé supérieur. Elle affecte l'ensemble des continents. A la fin du Crétacé, le début de l'orogenèse alpine entraîne une régression de la mer sur le territoire français.
Les deux Amériques commencent à se rapprocher. L'Inde poursuit sa dérive vers la plaque asiatique tandis que Madagascar reste au large de l'Afrique. Vers la fin du Crétacé commence à s'ouvrir l'Atlantique Nord. Cette ouverture complète le mouvement de fermeture de la Téthys. Elle entrîne également le coulissement de la plaque Ibérienne contre la plaque Européenne, ce qui débute l'édification des Pyrénées. Chaque continent est à peu près à sa place sur le planisphère.
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Le tout début du Crétacé connait 2 courtes
périodes plus froides. Ce refroidissement concerne les 10 premiers millions d'années du Crétacé où le climat a été variable et plus froid surtout au plus hautes latitudes, avec sans doute la formation d'une
calotte de glace au pôle nord.
Suite à ce léger refroidissement
très vite le Crétacé retrouve un climat
général chaud et humide sur toute la planète. Pendant le crétacé supérieur, le niveau de la mer monte de plus de 200 m, inondant environ un tiers des terres actuelles. L’Europe, l’Afrique et une partie de l’Amérique du Nord sont des archipels. La chaleur du Soleil peut ainsi être diffusée vers les pôles par les courants océaniques. Le climat mondial devient chaud, doux, avec des pôles sans glace. La température de l'eau dans l'Arctique est de l'ordre de 14 °C ou plus.
Ce climat chaud (surtout dans la deuxième partie du Crétacé) associé au haut niveau des mers qui recouvraient de vastes étendues peu profondes était favorable à des températures de l'eau élevées (supérieures à 26 °C), ceci avec peu de différence en latitude, ce qui devait avoir pour conséquence la présence de nombreux orages cycloniques au Crétacé, les ouragans devaient être fréquents.
Vers -120 000 000 d'années survient un réchauffement planétaire supplémentaire avec une augmentation de la quantité de méthane dans l'atmosphère, ceci fut néfaste à certaines espèces et donc profitable à d'autres. A cette période les eaux équatoriales atteignaient 30°C de température.
Enfin à la fin du Crétacé le gradient de température latitudinal devient compatible avec l'apparition d'une calotte glaciaire, le climat va en se refoidissant vers la fin de la période. |
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La Vie Au Crétacé |
On retrouve de très bonnes conditions pour la vie, dasn la continuité du Jurassique. La faune et la flore se différencient entre le nord et
le sud, de plus l'isolement géographique né de la fragmentation des terres entraine des
spéciations différentielles entre les continents. La transition climatique au début du Crétacé sera une période complexe avec l'apparition remarquable de nouvelles espèces, de dinosaures notamment. |
Les Végétaux dans le milieu aérien |
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Représentation d'un paysage du début du Crétacé |
Au Crétacé les angiospermes (plantes à fleurs et à fruits) apparaissent et prennent de plus en plus de place dans la flore, remodelant les paysages au détriment des gymnospermes (conifères, cycas, gingko, fougères...).
Au début du Crétacé, les Angiospermes ne sont pas encore présentes en force et les flores ressemblent aux flores jurassiques qui les ont précédé avec un environnement de gymnosperme. Mais au Crétacé supérieur, la végétation change d’aspect: l’ancienne flore à ptéridophytes et à gymnospermes, typique du Jurassique et du Crétacé inférieur, est progressivement remplacée par une végétation où dominent les angiospermes ; les paysages s’enrichissent de nouvelles plantes et s’ornent d’arbres fleuris, comme les magnolias. Les angiospermes commencent à apparaitre environ 10 millions d'années après le début du Crétacé, juste après la transition climatique.
A la suite de l’inexorable poussée des angiospermes, de nombreux groupes de végétaux anciens disparurent ou régressèrent : bennettitales, cycadophytes, filicophytes, conifères. Dans le paysage du Crétacé supérieur beaucoups de gymnospermes qui prosperaient au jurassique ont de moins en moins de place et les cycas, dicksonia, les tapis de fougères, les forêts de ginkgos, d’araucarias et de séquoias se retrouvent confinés dans quelques niches (les fougères sont encore nombreuses) . |
Source : http://www.colby.edu/ |
Les conifères évoluent vers les formes modernes, ce qui leur permettra de continuer à exister de nos jours face à l'impressionantes réussite des plantes à fleurs.
Les angiospermes se diversifient surtout aux moyennes et basses latitudes. Cependant, elles n'avaient pas l'amplitude écologique qu'on observe aujourd'hui.
C'étaient surtout de petits arbres successionnels ou du sous-bois des forêts ouvertes, adaptées à un climat sec. Néanmoins Toutes les grandes lignées et les principaux types floraux existent déjà à la fin du Crétacé.
Aux hautes latitudes, les angiospermes étaient moins abondants et les forêts étaient dominées par des Taxodiaceae avec ginkgos, cycadées et tapis de fougères. |
Les Animaux dans le milieu aérien |
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La progression des plantes à fleurs fût favorable aux arthropodes que sont les insectes, qui bien souvent participe à la pollinisation des fleurs, en tirant profit. Ainsi l'évolution favorable des plantes à fleurs a entrainé un regain de réussite chez les insectes. La biodiversité des insectes c'est accrue au Crétacé, plusieurs groupes modernes sont apparus, on y retrouve les plus anciennes fourmis connues, les papillons, des guêpes...
Fossile de planipennia (Neuroptère) |
Fossile de guêpe du Crétacé (Hyménoptère)
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Les amphibiens :
Les amphibiens présents au Crétacé sont rares et sont des amphibiens modernes (grenouilles, salamandres), il ne reste des précédents qu'une seule lignée de temnospondyles (les Chigutisauridés : Keratobrachyops, Koolasuchus, Siderops), confinée dans des vallées de rift du sud-est du Gondwana et qui disparaitront vers le milieu du Crétacé.
Greniouille moderne (perdure) |
Salamandre moderne (perdure)
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Koolasuchus - carnivore de 5m. - (va disparaitre) |
Les "reptiles" et oiseaux :
Les Reptiles dominent la faune des Vertébrés, occupent toutes les niches écologiques auxquelles ils sont parfaitement adaptés et ils freinent lextension des Mammifères. Ils sont plus variés mais pas plus volumineux qu'au Jurassique et représentés sur la terre ferme surtout par les dinosaures et dans les airs avec les ptérosaures.
Mais conditions tropicales chaudes du Crétacé étaient aussi tout à fait propice à d'autres reptiles : les crocodiles.
L
es formes modernes apparaissent à cette époque, ces conditions favorables leur permettant, pour certains, d'atteindre des tailles impressionantes (13 mètres et 8 tonnes pour le célèbre Sarcosuchus imperator il y a 110 millions d'années, représenté ci-contre ). Ils se nourrissaient vraissembablement de la même manières que leurs descendants actuels qui attrapent les ongulés imprudents qui viennent s'abreuver, sauf qu'au Crétacé il n'y avait pas d'ongulés bien sûr et des dinosaures devaient jouer le rôle de proie. |
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Au cours du temps les espèces se modifient, apparaissent, disparaissent, les dinosaures ne font pas exception et les dinosaures du Crétacé sont souvent différents de ceux du Jurassique. Ils vont continuer à proliférer et à
se développer avec l'apparition de nouveaux type au Crétacé.
Tandis que les géants brachiosaures et les membres, non moins gigantesque, de la famille des diplodocus disparaissent, de nouveaux dinosaures sont présents, avec de nouveau sauropode géants tel que le Titanosaure remplaçant dans leur niche écologiques les anciens brachiosaures et diplodocus.
De même les stegosaures disparaissent aussi et parallèlement apparaissent les Ankylosaures cuirassés.
Néanmoins l'herbivore le plus représenté et répandu était des dinosaures non cuirassés (des ornithopodes avec notament la lignée des iguanodons).
Les répartitions étant variable selon les zones géographiques, les espèces étant plus ou moins bien représentées, voire absente, en fonction des régions. Un des facteurs de ses changements est la modification de la flore, le remplacement progressif (selon les zones) des plantes à croissance relativement lente servant de nourriture à certains dinosaures du Jurassique par des angiosperme à multiplication rapide, source alimentaire des iguanodons et ankylosaures. Mais cette même pression des herbivores influence les modifications de la flore, les différents niveaux des chaînes alimentaires sont liés et les mécanismes d'évolutions complexes et inter-dépendant.
A coté des herbivores, on retrouve, dans la suite de la chaine alimentaire, de nouvelles lignées de carnivores de tailles variées, avec de nouvelles espèces présentant une certaine proximité avec les oiseaux.
Le célèbre Tyranosaure qui apparu au Crétacé (la star de Jurassic Park fait bien mal porter son nom au film ...) en fait partie et est un représentant de grande taille. Mais il existait bien sûr bon nombre d'autres espèces de tailles différentes, tel que deinonychus de taille moyenne ou encore ornithomimosaurus. Ils sonnèrent le glas des Allosaures.

deinonychus [Artiste : Emmanual Jansens]
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Tyranosaure |
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Si l'on observe un renouvellement d'espèces important concernant les dinosaures, d'autres groupes sont également concernés. Le réchauffement planétaire vers -120 millions d'années a joué un rôle dans ce renouvellement, il
semble s'être avéré fort néfaste pour certaines espèces, ce qui permis vraissembablement l'émergence de nouvelles espèces en fonctions des caractères plus ou moins favorisés.
Les reptiles en plus de leur présence sur terre (et dans les mers) étaient aussi présent dans les airs avec les ptérosaures qui se retrouvaient dans tous les milieux. Néanmoins on peut remarquer qu'au cours du Crétacé, comme pour d'autres espèces, on assiste au déclin régulier des ptérosaures présents depuis le jurassique, jusqu'à se limiter à quelques rares espèces géantes à la fin du Crétacé (Pteranodon, Quetzelcoatlus faisant jusque 8 mètres d'envergure pour un poids de 100 kg).
Il est probable que cette extinction soit liée à la concurrence avec des oiseaux de plus en plus nombreux, portant un fort préjudice aux ptérosaures de petites et moyennes dimensions, tel que les insectivores.
En effet à coté de ces dinosaures on observe au Crétacé la présence d'une grande variété d'oiseaux et d'espèces proche des oiseaux et ressemblant à des dinosaures. Si au début du Crétacé les oiseaux, apparus au jurassique, étaient peu nombreux et représentés par des formes archaïques, progressivement viennent se joindre de plus en plus de représentants des ensembles connus de nos jours. Il est d'ailleurs difficile de trouver une rupture entre dinosaures et oiseaux, il semble y avoir une transition progressive et continue dans les espèces rencontrées avec une mosaïque de caractères proche des oiseaux ou/et des reptiles, même si certaines espèces ont défrayés la chronique, semblant marquer une rupture, tel "archaeopteryx" qui possédait un plumage.
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archaeopteryx
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Evolution des dinosaures au Crétacé
Mammifères :
Les mammifères du Crétacé sont de petites tailles, de celle des rongeurs actuels, (les plus grands mesurant 50 cm pour 1 kg). S'ils vivaient dans l'ombre des grands reptiles (depuis le Trias) et uniquement sur la terre ferme dans quelques niches écologiques, cela n'empêcha pas plusieurs nouveaux groupes d'apparaitre, et le succès des angiospermes entrainant une diversification des insectes a dû profiter aux insectivores.
Relativement tôt au Crétacé les 3 groupes actuels de mammifères divergèrent. l
L
es palcentaires sont relativement bien diversifiés avec entre 50 et 100 espèces pour une demi-douzaines de petites familles, la radiation initiale des grands clades de placentaires modernes débute au Crétacé et est estimé à 104-112 millions d'années par "l'horloge moléculaire". Les placentaires, sans doute d'origine asiatique, ont une assez bonne répartition dans tout l'hémisphère nord. Les placentaires, largement majoritaires de nos jours, dont nous faisons partie, possèdent un placenta parfaitement fonctionnel.
Les marsupiaux (vers -100 millions d'années) sont plus divers et abondant que les placentaires en Amérique du Nord (4 grandes lignées) qui est sans doute leur zone d'origine, mais sont très rares ailleurs. Les marsupiaux sont présents essentiellement en Australie actuellement où ils occupent les niches écologiques des placentaires ailleurs sur le globe (l'isolement de l'Australie les ayant protégés). Ils donnent naissance à un petit qui sera à l'abri dans une poche, où allaité il terminera sa formation (kangourou).
Les monotrèmes sont présent dès le début du Crétacé mais ils sont mal connus, ils sont très peu représentés de nos jours. Ce sont des mammifères qui pondent des oeufs puis allaitent leurs petits après éclosion (ornithorhynques).
Les faunes de mammifères du Crétacé supérieur actuellement décrites recèlent au moins 7 à 8, voire jusqu'à peut-être 10 à 20 lignées ancestrales de thériens actuels.
Les mammifères des groupes actuels commencent leur épanouissement dans le dernier tiers de la période, mais la diversité de ceux-ci reste néanmoins relativement limité, car n'oublions pas que bon nombre de niches écologiques sont occupés par les reptiles qui dominaient par leur présence très large la vie sur Terre au Crétacé, laissant peu de latence aux mammifères pour s'étendre.
La grande majorité de ceux-ci vivaient d'ailleurs la nuit. Les mammifères du Crétacé sont insectivores, carnivores, herbivores, ils ont développés diverses adaptations locomotrices selon les espèces, ils sont fouisseurs, sauteurs, grimpeurs. Plusieurs lignées présentes ne survivront pas jusqu'à nos jours tel que les triconodontes disparus au Crétacé, ou encore les multituberculés herbivores pourtant parmi les plus florissant à l'époque et présents depuis le Jurassique.
Gobiconodon vraissemblablement omnivore, mesurant 50 cm pour 1 kg(faisant partie des Triconodontes bien représentés au début du Crétacé), précède la divergence des marsupiaux et des monotrèmes, il apparait au Jurassique et disparaitra au Crétacé. |
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L'arbre phylogénétique des ordres de mammifères modernes
(Fig.38 in Hartenberger 2001). [Source : http://www.cnrs.fr/]
Cet arbre, basé sur les données morphologiques (espèces fossiles et actuelles), diffère notablement des arbres moléculaires récents (e. g., Springer et al. 1998, Stanhope et al. 1997).
Par exemple, il ne soutient pas le concept des Afrothères (tenrecs, taupes dorées, rats à trompes, oryctéropes, damans, éléphants, siréniens).
Certains clades importants récemment reconnus tels que les glires et les cétartiodactyles sont toutefois concordants.
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Eomaia scancoria du Crétacé inférieur (-125 Ma) de Chine, le plus ancien euthérien découvert.
Eomaia représente une lignée primitive du groupe euthérien antérieure à la divergence des placentaires modernes. |
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Au Crétacé, dans la continuité du Jurassique,
les micro-organismes sont florissant, le plancton, les foraminifères se développent beaucoup à la fin de la période de refroidissement.
Tout comme au jurassique, les invertébrés marins
sont représentés par les bélemnites, les
ammonites, certaines ammonites développant des formes étranges,
comme "déroulées". Bélémnites et ammonites (souvent de grande taille) poursuivent une importante diversification avant de disparaitre.
On retrouve aussi aussi
des éponges, des bryozoaires, des crinoïdes, des étoiles de mer (après une eclipse au début du Crétacé, on retrouve essentiellement des formes modernes), des échinoïdes (avec plusieurs
nouveaux groupes pour ces derniers). Chez les échinodermes, c'est le foisonnement des oursins irréguliers (Toxaster, Micraster, Holaster). Quelques échinides réguliers hantent les faciès calcaires.
Des invertébrés sont proches des formes actuelles, le corail est de type moderne, de nouveaux crustacés deviennent communs tel que les homards, des gastéropodes modernes apparaissent aussi, ils sont souvent carnivores et pouvent se développer dans des environnements sableux.
Les brachiopodes, eux, déclinent (sans disparaitre), sans doute en liaison avec le développement des crustacés et gastéropodes. |
Invertébrés
dans les mers du Crétacé (bélémnites
à gauche, ammonite à droite et au centre)
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Ammonite |
Ammonite
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Rudiste |
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Au milieu de l'abondance en mollusques bivalves (huitres...) du Crétacé, on retrouve des bivalves célèbres, les rudistes, "coquillage" de formes variables et souvent étranges (les 2 valves étant de taille très différente). Ils ont connu un grand développement (dépendant des régions) et sont très utiles en stratigraphie. Ils ont totalement disparu à la fin du Crétacé qui fût leur période d'existence, un peu plus de 80 millions d'années tout de même.
Ils étaient souvent associés aux coraux (en dehors de la zone équatoriale) et pouvaient former de véritables récifs par la coalescence de leurs coquilles. Les premiers récifs de rudistes situés à l'équateur seuls semblent avoir profité vers -120 millions du réchauffement climatique (avec augmentation de la quantité de méthane) commencé vers -117 millions d'années. De plus pour la première fois, de part l'écartement des terres, une circulation entre Atlantique nord et sud se met en place.
Ce réchauffement climatique a eu des conséquences sur de nombreuses espèces (aquatiques ou non) et fut favorable aux rudistes en excluant les coraux de la zone équatoriale aux eaux devenus trop chaudes pour eux (vers 30°C). Climat et biosphère sont intimement lié. |
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Les "reptiles" :
Les reptiles marins du Crétacé occupaient bon nombres de niches écologiques. Seul leur disparition à la fin du crétacé libèrera ces niches, qui de nos jours, pour certaines, sont récupérées par des mammifères (absent des mers à cette époque).
Ainsi dans les océans ils sont largement répandus et diversifié (ichthyosaures, sauroptérygiens, crocodiliens, squamates), parfois très grands (les plus grands vertébrés des mers du Crétacé), ils se nourrissaient de poissons, d'ammonites...
Parmi les grands prédateurs des océans on retrouve par exemple les Mosasaures, certains mesurant plus de 10 mètres et qui vont atteindre une grande diversité écologique au Crétacé. D'autres grands reptiles marins se développent comme les Plesiosaures, tel Elasmosaurus célèbre pour son très long cou (76 vertèbres) et qui se nourrissait de poisson, on retrouvait aussi des tortues marines de 3 mètres (Archelon).
Un mosasaure |

Un Archelon (tortue marine) |
Ichtyosaure [auteur : john sibbick] |

Elasmosaurus |
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Néanmoins certains reptiles vont céder la place au cours de cette période. Les crocodiles marins vont disparaitre assez tôt pendant le crétacé. Les Ichtyosaures vont disparaitre, avant la fin du Crétacé, il n'en restera alors plus qu'une seule espèce. Peut-être ont-ils décliné face à la concurence des poissons téléostéen rapides. |
Les poissons :
A coté des reptiles marins , les raies, les requins modernes et les poissons proches des groupes actuels deviennent communs. Les grands prédateurs des mers du crétacé ne sont pas l'apanage des reptiles, il en existait chez les poissons.
Ainsi dans la famille des Ichthyodectidae, poissons du Jurassique et du Crétacé représentés par une dizaine de genres, Xiphactinus atteignait 4 à 6 m de longueur et est le plus imposant de tous. C'est l'un des plus grands poissons osseux connus. Ses écailles ellipsoïdales, d'une dimension considérable, mesurent 4,5 cm sur 2,5 centimètres. Sa denture, particulièrement remarquable, se compose de longues dents coniques orientées vers l'avant. Xiphactinus se nourrissait essentiellement de poissons et des dents de requins ont même été trouvées dans sa cavité abdominale.
Ce prédateur vivait dans des mers chaudes, calmes et peu profondes (-50 à -100 mètres) avec de redoutables Mosasaures (reptiles) et des requins (poissons cartilagineux) de très grande taille, eux aussi redoutables prédateurs.
Xiphactinus [source BBC] |
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La Crise Crétacé - Tertiaire (crise K-T) |
À la fin du Crétacé une crise majeure touche le monde vivant entrainant la disparition de la moitié des familles des animaux existant (85 % des espèces).
Une part significative de la vie aquatique disparaît, incluant la plupart des reptiles marins Mosasaures, Plésiosaures, à l'exception des tortues et des crocodiles.
La plupart des céphalopodes, toutes les Ammonites, la plupart des nautilidés, les belemnites, les rudistes.
La plus fameuse des disparitions reste celle des dinosaures, les pterosaures déjà en fort déclin disparaissent de même.
La plupart des oiseaux suivent le même chemin durant cette extinction massive pour lesquelles plusieurs lignées s'éteignent.
De nombreux micro-organismes disparaitront aussi.
Cette crise majeure marquera la fin du Crétacé et du Mesozoique. Il s'agit de la deuxième extinction en importance dans l'histoire de la vie après celle du Permien, avec celle de l'Ordovicien. |
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Cette extinction a été sélective, certains groupes sont peu ou pas du tout affectés :
les insectes le sont peu , de même aucune décimation des producteurs primaires nest décelée dans les archives paléontologiques, ni en milieu marin (phytoplancton et benthos chlorophyllien) ni en milieu continental où les Angiospermes poursuivent leur radiation entamée dès la base du Crétacé.
Les mammifères, les oiseaux, les tortues, les crocodiles ( plus diversifiés que de nos jours) sont touchés à des degrés divers mais ne s'en sortent pas si mal, mais cette crise aura néanmoins un impact important sur eux.
Les lézards, les serpents furent encore moins affectés et les amphibiens pas du tout.
Par contre on observe la disparition totale des dinosaures, hormis les oiseaux, seuls rescapés du groupe, et des ptérosaures.
La disparition de lignées dans différents groupes laisse le champ libre à beaucoup d'autres. Par exemple les formes modernes d'oiseaux qui étaient en pleine radiation au tertiaire vont beaucoup profiter de l'extinction d'autres lignées d'oiseaux (les oiseaux "archaïques" disparaissent, la plupart de ceux-ci avaient des dents).
De même chez les placentaires, ces derniers qui avaient commencé une forte radiation face aux autres mammifères vont accentuer leur présence, accompagnant alors le déclin des marsupiaux. |
A la fin de Crétacé, avant la crise, aucun genre nouveau de dinosaure ou de ptérosaure napparaîssait en Europe et en Amérique du Nord, les extinctions n'étaient plus compensées par la radiation. Les dinosaures, ptérosaures et autres sont décimés lors de la crise mais leur déclin avait déjà commencé.
On constate, pour ce qui est des Tétrapodes, qu'aucun animal de plus de 25 kg n'a survécu à l'extinction Crétacé-Tertiaire. Or, parmi les Vertébrés continentaux, 95% des animaux de plus de 10 kg étaient des Dinosaures, les 5% restant étant des Crocodiles, des Tortues terrestres ou de grands lézards.
Quant aux Mosasaures et Plésiosaures, mégaprédateurs de grande taille très spécialisés et exclusivement marins, ils ont pu se révéler très sensibles aux modifications environnementales pesant sur les populations de leurs proies, associées à la concurrence des poissons.
De même belemnites et ammonites qui vont totalement disparaitre, avaient vu leur nombre d'espèces déjà diminué au cours du Crétacé.
La vie dans les océans est fortement touchée, 90 % des espèces de sélaciens et de poissons marins disparaissent, o n assiste à une raréfaction des foraminifères planctoniques. Mais comme dans le milieu aérien d'autres groupes sont beaucoup moins affectés, tels que les Diatomées, Radiolaires, Foraminifères benthiques, certains Céphalopodes (nautiles, seiches, calmars, poulpes), les poissons d'eau douce, les amphibiens.
Face à cette extinction relativement inégale selon les groupes, et touchant préférentiellement les grands animaux on peut voir une partie de l'explication dans le fait que en quantité absolue, une plus petite taille demande moins de nourriture, une plus petite taille permet de plus facilement se cache et un régime alimentaire potentiellement plus variée que les grands herbivores ou carnivores a pu ausi être un avantage.
Le tableau ci-dessous, qui donne le nombre de Familles présentes au cours du Maastrichtien (dernier étage du Crétacé) et le nombre de Familles qui s'éteignent au cours de cet intervalle de temps, permet de visualiser ce qui précède. Il s'agit là des extinctions au niveau des Familles, et non des Genres ou des Espèces : ainsi, si 18% "seulement" des Familles de Requins et Raies ont disparu au cours du Maestrichtien (aux environs de la limite Crétacé-Tertiaire), cela correspond à la disparition de 90% des espèces contenues dans ce groupe des requins et raies. Ainsi même des chiffres "relativement bas" correspondent à une forte diminution de la biodiversité.
GROUPES |
Familles Crétacé |
Familles éteintes |
Taux d'extinction |
Chondrichthyens (Requins & Raies)
Poissons osseux
Amphibiens
Reptiles (6 groupes)
Cheloniens (Tortues) |
Lacertiliens (Lézards et Serpents) |
Crocodiliens |
Ptérosauriens (« reptiles volants ») |
Plésiosauriens (« reptiles marins ») |
Dinosauriens
"Dinosaures" [Sauf oiseaux ] |
Oiseaux |
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|
Mammifères
Marsupiaux |
Placentaires |
Autres |
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44
50
11
|
8
6
0
|
18 %
12 %
0 %
54 %
27 % |
6 % |
36 % |
100 % |
100 % |
|
23 %
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Taux d’extinction des Vertébrés au Maastrichtien (dernier étage du Crétacé, limite Crétacé/Tertiaire)
d’après BENTON M.J., Vertebrate Paleontology, Blackwell, 2000 [1]. Source : http://www.ens-lyon.fr
La ou plutôt les causes de cette grande extinction ne sont pas, à ce jour, clairement établies.
L'image "grand public" d'un impact météoritique et dévastateur entrainant seul, la disparition soudaine des dinosaures est simplificateur et par là-même faux.
Il est intéressant de remarquer que différents groupes modernes sont apparus au Crétacé, et par là surprenant d'imaginer qu'un cataclysme mondial erradique le groupe dominant (les dinosaures) alors que d'autres ont survécu sans trop de problème à priori.
Les crocodiles en particulier sont dépendant d'un milieu assez spécifique, tandis que les dinosaures vivaient dans beaucoup de biotopes différents, il est surprenant ainsi qu'un cataclysme qui détruit le groupe dominant et adapté selon les espèces à de nombreux milieux de vie épargne les crocodiles si dépendant d'un milieu. Cela laisse suspecter des mécanismes plus complexes qu'une unique météorite dévastatrice et tout ne s'est pas forcément passé aussi vite qu'on le pense.
L'impact d'une météorite a pu jouer un rôle, un impact aux alentours de la fin du Crétacé a laissé de nombreuses traces indiscutables. Un bon candidat est dans la péninsule du Yucatan l'astroblème célèbre de Chicxulub. Néanmoins il semble y avoir un décalage temporel de 300 000 ans compliquant la donne. Comme l'on parle de dizaines de millions d'années cela semble artificiellement faible (0,3 pour 65), mais 300 000 ans c'est conséquent.
A échelle humaine on s'en rend bien évidemment compte, et il suffit de réaliser qu'il y a 300 000 ans notre espèce n'existait pas pour admettre au moins l'inexactitude d'une conséquence brutale et immédiate de cet impact. Néanmoins il est tombé à Chicxulub une météorite d'une dizaine de kilomètre de diamètres, et d'autres vers la même période ont été mis à jour en Russie, on ne peut exclure l'influence néfaste d'un bombardement cosmique. |
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Un autre facteur possible et discuté de façon récurrente (avec les tenants des impacts météoritiques) est l'influence d'un volcanisme intense.
En effet un fort volcanisme peut engendrer la projection d'une grande quantité de cendres dans l'atmosphère modifiant les conditions climatiques ainsi que la chimie des océans, de nombreux gaz toxiques peuvent être relargués.
De même que pour la crise du Permien on parle ici d'un volcanisme sans commune mesure avec ce que l'on voit de nos jours, il faut imaginer un horizon entier embrasé jour et nuit.
A la période de la fin du Crétacé, début du Paléocène, on retrouve un épisode volcanique en Inde avec les trapp de Decan. L'Inde serait passé au-dessus d'un point chaud dans l'océan Indien avant d'écraser le sud de l'Asie, produisant des accumulations de laves. Ces épanchements basaltiques durent environ 600 000 ans, atteignent 2500 mètres dépaisseur et couvrent à laffleurement un territoire de la taille de la France. Localement, laves et cendres ont pu exterminer toute trace de vie mais, à léchelle du globe, les aérosols et gaz rejetés (CO2 et SO2) ont pu également entraîner une brutale perturbation climatique, une régression marine. |
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La fin Crétacé voit survenir des perturbations climatiques et le gradient thermique latitudinal (établi grâce au rapport isotopique de loxygène) devient favorable à linstallation dune calotte glaciaire.
On a une troisième explication possible pour l'extinction de la crise K-T car ceci rend possible lintensité des extinctions enregistrée dans la zone intertropicale. Mais les crocodiles sont de bons indicateurs climatiques, puisquils ne supportent pas les températures basses, et leur maintien au delà de la crise conduit à exclure la seule hypothèse dun refroidissement climatique touchant l'ensemble du globe.
Les faits paléontologiques indiquent qu un changement climatique ne peut pas expliquer à lui seul la crise K-T ; il faut donc admettre que les diverses causes invoquées (et d'autres éventuelles) ont cumulé leurs effets néfastes sur la biosphère sur une courte période (à léchelle des temps géologiques), et conduit à une extinction majeure, sans que l'on puisse avec certitude faire ressortir une cause plus qu'une autre.
Enfin il ne faut pas perdre de vue que nombre de groupes étaient en déclins, le coup brutal de la limite K-T a certes bouleversé beaucoup de choses, mais certaines évolutions étaient déjà présentes. Par exemple la raréfaction des ptérosaures face aux oiseaux, la disparition des ichtyosaures face aux poissons téléostéen... Il semble qu'un seul évènement ne soit pas la cause de cette extinction majeure mais que la conjonction de 3 facteurs ai joué : une régression marine, un volcanisme très important et un impact météoritique, en plus un refroidissement partiel a pu jouer un rôle.
En tout état de cause, cette crise comme les autres souligne le rôle permanent de la contingence dans l'histoire de la vie. Certes la pression de sélection est un mécanisme darwinien favorisateur majeur, comme le montre les exemples précédents. Mais des évènements, parfois violents, peuvent intervenir avec une part de hasard , même si on ne les cernent pas parfaitement. La fin du Crétacé, et donc le début du paléogène est marqué par le bouleversement des équilibres des différents biotopes. On assiste à la libérations de nombre de niches écologiques ouvrant la voie à un redéploiement de groupes dans les espaces laissés libres par cette importante chute de la biodiversité, notament par les dinosaures présents dans tous les milieux, mais aussi de par la disparition de beaucoup d'invertébrésdans les mers .
La biosphère et les chaines alimentaires vont être profondément remaniées. |
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